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 Asma Lamrabet

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MessageSujet: Asma Lamrabet   Asma Lamrabet Icon_minitimeLun 4 Juin - 19:24

Asma Lamrabet
Asma Lamrabet Asmalamrabetis7

Médecin hématologiste à l’hôpital d’enfants de Rabat au Maroc et intellectuelle musulmane engagée dans la réflexion sur la problématique de la femme en islam. Auteur de deux livres : ’’Musulmane tout simplement’’ et de ’’Aicha, épouse du prophète où l’Islam au féminin’’, aux éditions Tawhid, Auteure d’un troisième ouvrage en cours d’édition : ’’Le Coran et les Femmes : Une lecture de libération’’ aux Editions Tawhid ; Lyon.
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lyria




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MessageSujet: Re: Asma Lamrabet   Asma Lamrabet Icon_minitimeMer 6 Juin - 12:32

Au-delà du voile...

Asma Lamrabet

OUMMA.com

Février 2004





IL EST difficile de rester objectif sur un sujet aussi passionnel que le voile de la femme musulmane, du fait de l'impressionnante quantité de stéréotypes et de non-dits qui se sont finalement accumulés autour de ce thème. Le débat en France -qui frise les délires d'une paranoïa collective- sur une loi d'interdiction de ce voile, en est un exemple vivant. Un grand nombre de musulmans n'arrivent pas aujourd'hui à dépasser le stade de la réactivité. Certains «défendront» le voile ou foulard islamique car il a fini par symboliser toute l'identité musulmane. Une identité forcément meurtrie qui s'agrippe à des signes « ostensibles » comme à une bouée de sauvetage… Même dans les sociétés majoritairement musulmanes on peine à formuler un discours serein et dépassionné.

Entre les tributaires d'une analyse forcément exclusive, du genre le voile c'est le symbole par excellence de l'oppression des femmes et ceux, défenseurs inconditionnels d'un voile, le seul à même de garantir le «bon comportement islamique» il y a tout un monde… d'incompréhension, de malentendus et de déductions très simplistes. Le clivage est réellement consommé et chacun de son coté alimentera les préjugés et les clichés les plus absurdes !

Pour les défenseurs invétérés, il s'agit de protéger un principe religieux qui à lui seul présumerait de la spiritualité dont une femme aurait besoin. Toujours cette obsession de réduire le religieux à une devanture impeccable, parce que plus on est dans l'extériorisation des signes religieux, plus on est dans «l'islamiquement correct» ! ! C'est tout le contraire de ce qu'une véritable éducation islamique aurait transmis comme message de spiritualité, où la piété ne saurait être évaluée sous l'unique aune de la visibilité.

Dans l'autre extrême, «les champions de la liberté d'expression» ont décidé de voir en toute voilée les deux faces d'une même monnaie : soit celle de l'éternelle opprimée soumise à des lois patriarcales cruelles, victime d'une communauté musulmane extrémiste, ou bien pour celle qui fait dans la revendication de son voile, une irresponsable, forcément manipulée ou auto aliénée …C'est au choix ! ! ! On ne fera plus dans la nuance, tout débat sera là aussi jugé inutile car l'amalgame est de mise et sortir de ce type de raisonnement est presque de l'ordre de l'impossible. On s'approprie sans verdict le droit de condamner des cœurs…Tous les cœurs…C'est la logique même de l'intolérance que nombre de ces «libéraux» combattent au nom d'une émancipation féminine soi disant universelle ! !

Or, il est important de rappeler que la «prescription religieuse» du port du voile participe de la liberté de conscience, et de ce fait s'inscrit dans le domaine des droits privés de tout être humain. Autrement dit, il s'agit là de conviction profonde. Et dans ce domaine, nul n'a le droit de juger de la conformité ou non d'une conviction. C'est bien de liberté qu'il s'agit. La liberté de choix d'une femme qui ressent la nécessité de se voiler comme un acte d'adoration, un acte intime implicite entre elle et Son Créateur et de celle qui en connaissance de cause ne «ressentira» pas cette prescription, son acte de soumission à Dieu se situera ailleurs. Entre les deux choix qui s'adjugera le droit de décider que le premier est révélateur d'une aliénation et le second d'une libération ? ?

Il serait inutile de passer en revue tout l'argumentaire justifié par les tenants du discours pour ou contre le voile. Je citerais cependant deux qui reviennent fréquemment et qui à mon humble avis restent très insuffisants : Il s'agit d'abord de celui de la «Pudeur» comme preuve de la finalité du voile chez les défenseurs de ce dernier et celui de l'exclusivité de l'intériorité de la foi chez les adversaires ou autrement dit, ceux qui jugent que la foi est une affaire de cœur et qu'elle se doit d'être confinée dans le domaine d'un privé sous entendu discret ou mieux invisible ! ! ! L'inconvenance de la première thèse est évidente, puisque cela reviendrait à dire que toute la notion de la pudeur se résume à un voile, et que le reste des femmes de la terre non voilées, musulmanes ou non feraient dans l'impudeur. Ce qui n'est ni juste ni sensé. Celle concernant la privatisation de la foi serait également déplacée, puisque confiner la religiosité à la pure intériorité, c'est refuser l'espace de témoignage de toute dimension spirituelle et ce quelque soit son origine. Or toutes les spiritualités s'accomplissent par une manifestation d'extériorisation légitime. Dénier aux religions toute dimension d'expression publique, reviendrait à dénier à toutes les spiritualités le droit élémentaire à «la liberté du culte» ! ! !

Somme toute, tout ce débat sur le voile reste un débat d'une intense superficialité et ce pour deux raisons : pour les uns, c'est un formidable épouvantail politique qu'on utilise par le biais d'une médiatisation forcenée afin de mettre en veilleuse tous les autres vrais problèmes sociaux que vit un pays comme la France. Pour les autres, autrement dit certains musulmans, c'est malheureusement un débat de forme qui fait l'impasse sur le fond, car il omet de parler du plus important à savoir à quel statut d'autonomie de la femme musulmane veut-on accéder ? Car voilée ou pas le problème n'est vraiment pas là, il est bien ailleurs dans cette incapacité des femmes musulmanes à cerner leur difficultés, à faire entendre leurs voix et à lutter contre toutes les formes de discrimination dont elles sont souvent, si ce n'est toujours les premières à en pâtir dans tous les types de sociétés , aussi bien en Occident que celles majoritairement musulmanes. Voilée ou pas le défi n'est pas de convaincre de la juste cause d'une conviction religieuse- qu'on a le droit de ne pas partager- mais bien celui de dépasser ces clivages idéologiques qui font des femmes , les «otages» malgré-elles d'une pauvreté intellectuelle qui mine toutes les potentialités.

Les défis qui attendent la femme musulmane par ces temps qui court sont énormes et pluriels. Ils ne doivent pas se limiter à des revendications obsédées par l'identitaire. Il s'agit d'abord de retrouver les termes d'une véritable émancipation digne et fidèle à des valeurs qui tout en étant islamiques sur la forme, sont véritablement universelles dans le fond. C'est aussi donner aux femmes à toutes les femmes quelque soit leurs approche du religieux, leur engagement moral ou spirituel, le droit de participer chacune à sa manière à la construction d'un projet de société qui se fonde sur les principes d'égalité entre femmes et hommes, le respect des droits de la personne et la liberté de conscience. Le respect de tous ces principes nous impose de reconnaître à l'autre la légitimité de penser et de s'exprimer et ce quels que soient ses convictions…

Il est vrai que dans ce climat d'islamophobie intense, il est difficile de rester serein et de ne pas faire dans le passionnel , mais les femmes musulmanes qui ont choisi de «revendiquer» le port du foulard et les hommes musulmans qui se sentent stigmatisés par des lois injustes comme celle qui concerne le foulard islamique ne doivent pas répondre à ce genre de discrimination par un discours communautariste de victimisation .C'est de liberté individuelle qu'il s'agit. De valeurs universelles …Et au-delà de la légitimité religieuse, il y a le respect des libertés, et c'est cela qu'il faudrait revendiquer avant tout… «Ne touche pas à mon voile c'est bien …mais ne touche pas à ma liberté …c'est mieux..»
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MessageSujet: Re: Asma Lamrabet   Asma Lamrabet Icon_minitimeMer 6 Juin - 12:34

Féminisme islamique ?

Par Asma Lamrabet
lundi 26 mai 2003




Ce titre doit faire tressaillir plus d’un…Féminisme et Islam ? Ne sont-ils pas antinomiques par nature ? Peut-être, si notre approche est comme chaque fois que l’on doit parler d’Islam : Binaire….Par contre si la terminologie est dans un premier temps « redéfinie » alors on aura compris de quoi il s’agit.

Je rassure tout de suite ceux qui ont tressaillit … Le féminisme en question ici est différent idéologiquement parlant de celui prônée par une occidentalisation forcenée de la féminité…Il sera similaire par contre en terme de revendications de droits… C’est que nous sommes obligées d’utiliser le vocabulaire déjà en vogue pour pouvoir être comprises…

Ce féminisme islamique « new look » se démarquera aussi de celui classiquement revendiquée par les intellectuelles musulmanes qui tout en se situant à l’intérieur d’une éventuelle culture musulmane vont réclamer des droits au nom d’un universalisme féministe commun. Autrement dit, elles s’aligneront sur un mouvement pro-occidental forcément laïque et qui se veut, libéré de toute connotation religieuse. Elles auront droit de cité un peu partout à travers le monde médiatique socioculturel car elles incarnent la face « civilisée » de ces pauvres femmes du monde musulman...

Le propos n’est pas celui de rentrer dans une logique de confrontation féroce avec ces femmes qui ont le droit -tout le droit- de lutter pour l’égalité des sexes, notamment au sein d’un monde musulman encore très en retard sur ce sujet, mais il s’agira de se différencier par rapport à une démarche « non religieuse », qui exclut les données scripturaires de l’islam.

La nouvelle approche féminine islamique- dans laquelle je me reconnais pleinement- s’inscrit dans un registre de fond différent, quoique dans la forme il y a une certaine cause commune. Notre but sera de militer pour les droits des femmes musulmanes, de l’intérieur de l’Islam en tant que religion, mode de vie, selon une vision globalisante et contemporaine…Nous luttons dans un cadre explicitement religieux pour la simple et bonne raison que nous considérons que l’islam est à nos yeux porteur d’un message profondément émancipateur. La différence est de taille. De et par l’islam, et à partir des références islamiques …

Alors de quoi s’agit-il réellement ? Il s’agit d’un timide mouvement encore confus, encore dans ses premiers balbutiements, ici et là, en terre d’islam et en Occident qui essaie d’émerger et de faire entendre sa voix. Des femmes musulmanes convaincues et engagées qui se mobilisent très doucement -trop même- pour qu’on cesse de faire dire au religieux n’importe quoi en leurs noms…

Il sera peut -être inutile de rappeler que le « Renouveau de l’islam » que connaissent aussi bien les sociétés musulmanes d’origine que les communautés islamiques des sociétés occidentales, s’est caractérisé par l’ampleur de la participation féminine. Elles sont plus nombreuses et surtout plus visibles- du fait du port du voile- à se compromettrent dans ce retour à l’islam. Les tendances féminines qui existent au sein de ce renouveau sont assez variés mais dans la majorité des cas on s’apercevra que d’un accord très souvent tacite, les femmes se soumettront à une certaine lecture de l’islam généralement très masculine et qui met en veilleuse les vrais problèmes concernant le statut de la femme dans ces communautés.

La majorité de ces femmes vont donc retrouver une foi intense certes, faire un parcours spirituel captivant, motivées par des choix profondément sincères mais elles vont cependant vivre pour la plupart une spiritualité refuge et se cantonner dans une foi passive. Elles seront tellement bien avec Allah, mais tellement mal avec leur entourage et surtout leur frères en religion qui, malgré le même engagement religieux, vont rarement se défaire de leur vision machiste, héritage d’un environnement familier et culturel particulièrement réfractaire à l’émancipation des femmes…Devant trop de résistances masculines et sociales la grande majorité des femmes qui vivent le retour au spirituel vont le faire en silence, le cœur lourd de déceptions et de questions sans réponse. Elles finiront par se soumettre à la loi de la majorité, celles des convenus et des non-dits…On confond soumission au Créateur avec la soumission aux êtres et respect des principes religieux avec respect des principes relevant de la tradition culturelle. Et celles qui parmi ces femmes vont choisir de l’intérieur de ce renouveau islamique de se « révolter » contre ce conformisme vont être considérées comme des intruses bien islamisées certes, mais des intruses quand même !!

C’est ainsi que, pour une certaine catégorie de musulmans, entre autres ceux qui se veulent aussi engagés activement dans le renouveau de l’islam, l’avènement sur la scène islamique de ces femmes musulmanes qui commencent à se compromettre sérieusement pour une nouvelle lecture de leurs droits en islam, est vue plutôt d’un mauvais œil et recevra un accueil « mi-figue mi raisin »…Plutôt mi- figue !!

Familiarisés avec une image très complaisante de la femme en général et de celle- « islamiquement correct »- de l’engagée en particulier, certains musulmans auront du mal à admettre une nouvelle version féminine contestataire. Il est évident que nos frères en islam seront franchement très mal à l’aise… Oui, ils seront d’accord pour que ces femmes fassent grossir les rangs des « réconciliés » avec l’islam, où faut-il le rappeler elles seront majoritaires, mais selon certains, elles doivent garder les limites qui ont été convenus par un droit non pas islamique mais coutumier qui même en terre d’occident - surtout en occident- sera toujours prioritaire.

L’irruption de ces femmes engagées islamiquement parlant dans la sphère publique voire politique du monde hermétiquement fermé de l’islam est perçu comme une innovation du l’ordre du sacrilège …Or une grande partie de ce comportement est due à notre approche du religieux. Du fait d’une lecture « rébarbative » et au fond assez « fabuleuse » de l’histoire musulmane, les femmes et les hommes du renouveau islamique feront toujours dans la schizophrénie …Au lieu de tirer des enseignements pratiques et adaptables à leur quotidien, ils et elles vivent leur retour à l’islam selon une vision utopique et idyllique, d’un coté l’islam de la révélation et de l’autre notre quotidien à des années lumière de cette première cité de la perfection. Les personnages et les évènements historiques de l’islam sont perçus non pas comme des modèles et des situations à méditer pour une meilleure fidélité au message et une meilleure compréhension de nos problèmes actuels, mais comme des faits hors temps, inaccessibles car tellement parfaits. Or on oublie justement que le modèle de ces hommes et femmes de la première ère qui ont fait la grandeur de l’islam - au-delà de la considération et du respect qui leur est du- réside dans leur humanité…

Le résultat de cette dichotomie dans notre lecture et dans notre façon de concevoir le religieux est que nous finissons par justifier toutes nos faiblesses et tous nos écarts. C’est ainsi que notre étude de l’histoire de la révélation et les métamorphoses réalisées par le message coranique et l’enseignement du prophète de l’islam (S), surtout en ce qui concerne la femme, seront visualisés selon la même lecture manichéenne.

Toute la littérature religieuse islamique abonde d’exemples de femmes qui à la lumière de notre modernité seraient des « féministes » d’avant-garde : Aicha épouse du prophète, femme savante, exégète, politicienne, qui en plus d’avoir réglementé une grande partie de la Sunna a exercé durant 40 ans la fonction de Mufti, notons en passant que le terme au féminin n’existe pas en arabe, alors qu’elle a été parmi les premières a l’avoir personnifié…

Oum Salama, a été conseillère politique du prophète (S) lors du traité de « Al Hudaybia », toutes les « Sahabyates » de la première heure qui en faisant acte d’allégeance au prophète (lors de Bayaat Al Akaba) ont incarnées le premier engagement politique de la femme musulmane il y a 14 siècles !! … Un autre exemple repris de la Sira, nous évoque l’histoire de Zaynab la fille du prophète qui un jour lors de la prière de l’aube « Al Fajr » dans la mosquée de Médine, va déclarer solennellement, juste avant le début de la prière, à toute l’assistance hommes et femmes, qu’elle a décrété la protection de son ex mari - non musulman à l’époque et dont la tribu était en guerre contre les musulmans de Médine- et que ce dernier se trouvait sous son auspice. Après la prière, le prophète s’assura de la nouvelle et accepta que cette personne soit laissée libre de circuler dans la cité malgré le contentieux avec sa tribu. Toute la communauté respecta la protection assurée par une femme à un mécréant. C’est un acte de responsabilité sociale pris par une femme en pleine prière, dans la mosquée, au vu et su de toute la communauté. Peut-on imaginer un tel acte aujourd’hui dans nos mosquées modernes ? La Sira ou l’histoire de la vie du prophète, regorge d’exemples édifiants de femmes qui ont personnifié par excellence cette libération islamique de la femme.. Voilà celui de Asma Bint Yazid Bin Sakan, la première femme à revendiquer le droit au Jihad. C’était une femme qui a prêté serment d’allégeance au prophète, qui était connue pour sa foi et son abnégation pour la cause de l’islam. Elle a été désignée comme déléguée des femmes auprès du Messager de l’islam. Un jour alors que le prophète était parmi ses compagnons, Asma vint le voir et lui dit : « Je suis la déléguée des femmes auprès de toi prophète. Allah t’as envoyé auprès de tous les hommes et de toutes les femmes de ce monde, nous avons cru en toi et en ton Dieu. Mais les femmes sont limitées de par leur fonction et sont vraiment impuissantes. Confinées chez elles, objets de vos désirs, enceintes de vos enfants, tandis que vous êtes vous les hommes favorisés par rapport à nous, par vos assemblées, par votre participation social et politique, par le pèlerinage, et plus que tout cela par le Jihad dans la voie de Dieu. Pendant que nous les femmes, nous tissons vos habits et éduquons vos enfants. Ne pourrions-nous pas partager avec vous tous ces bienfaits comme celui du Jihad, auquel vous avez, vous les hommes apparemment un droit exclusif ? » Le prophète émerveillé par l’éloquence de cette femme, se retourna vers ses compagnons : « Avez- vous jamais entendu un propos qui témoigne de la dévotion d’une femme à sa religion aussi meilleur que celui là ? » leur demanda t-il ; « Certes non, nous n’aurions jamais cru qu’une femme serait capable de tenir pareil propos ! » Répondirent les compagnons vraisemblablement abasourdis par le discours de cette femme. Asma Bint Yazid au nom de sa foi a dénoncé les privilèges des hommes au Messager de Dieu !! Elle n’avait aucun embarras à le faire car c’est ainsi que l’islam le lui enseigna…

Les musulmanes de cette époque, convaincues de que l’islam les traitait à part égales avec les hommes, ne lésinaient pas à revendiquer cette égalité dans la foi et l’action, haut et fort, devant la plus haute autorité de l’islam, à savoir notre prophète Mohammed !

Les exemples sont innombrables mais dans quelle mesure sont-ils réellement effectifs dans notre pratique quotidienne ?

Ils le seront, dans la mesure où les femmes de ce renouveau de l’islam seront conscientes des défis qui les attendent, celui de « revisiter » leur histoire sous un angle nouveau, celui de l’esprit critique et du réalisme. La foi passive ne sera d’aucune utilité à notre émancipation islamique. Il faudrait savoir lutter activement pour ces droits islamiques inaliénables qu’on nous cesse de rabâcher mais qui ne seront concrets que lorsque ces mêmes femmes feront l’effort de les revendiquer haut et fort…

Il est vrai que ce mouvement est encore très faible et que malheureusement beaucoup de femmes ne se sentent pas encore prêtes pour ce combat pourtant nécessaire pour notre présent et notre futur de musulmans. Bousculer les stéréotypes et les à- priori infantilisants concernant la femme musulmane n’est pas chose aisée même chez ces propres femmes !!

Ce mouvement féminin islamique contestataire ne plaira donc ni à certains musulmans habitués à ce que les femmes soient exclues d’office de tout débat religieux, ni aux occidentaux pour qui ce genre « d’énergumène » féminin brouille toutes les pistes et déconcerte du fait qu’il ne se case dans aucune grille de lecture…

Pour les occidentaux, le profil de ce genre de femme musulmane à part entière, pratiquante et « ostensiblement » impliqué dans le renouveau de l’islam est tout simplement une aberration, un accident de parcours , un phénomène tellement déroutant qu’on préfère l’ignorer…Remède au fond très subtil !! Il faudrait savoir les comprendre, ce genre de femme musulmane atypique anéantit toutes leurs thèses sur la trop classique femme soumise, victime inéluctable d’un islam rétrograde… Les seules « féministes » musulmanes acceptables seront par conséquent, celles qui revendiqueront certes un islam culturel aux fragrances exotiques mais aussi et nécessairement des droits formulés en dehors de la sphère islamique. C’est ce qu’on a appelé : « L’effet miroir » des sociétés occidentales qui n’identifient et ne donnent crédibilité qu’aux acteurs des autres sociétés par lesquels se prolongent leur propre image.
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lyria




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MessageSujet: Re: Asma Lamrabet   Asma Lamrabet Icon_minitimeMer 6 Juin - 12:34

Il existe d’ailleurs de la part des féministes occidentales, une « sommation » implicite- parfois même explicite- qui est faites à l’égard des féministes musulmanes, afin d’énoncer un renoncement à l’égard de l’islam, comme preuve d’une bonne conduite garante d’une position juste1 !

Beaucoup d’intellectuelles de culture musulmane vont se rallier - quelques unes malgré elles- à ces mouvements occidentaux, faute de mieux parfois, mais aussi parce qu’elles sont quelque part convaincues de l’implication de l’islam en tant que religion comme facteur intrinsèque à l’infériorité des femmes dans les sociétés musulmanes.

C’est que le problème de ces femmes de l’avant-garde intellectuelle est justement avec l’islam. Et puisqu’on leur a appris que la modernité ne peut être pleinement vécue que par une négation du sacré, et bien cela tombe bien car cela fait belle lurette que les légitimations culturelles ou islamiques -pour elles point de différence !- les étouffaient. L’humiliation et la frustration ont toujours alimenté la conscience féminine musulmane, alors on se libère et on se proclame féministes acharnées pour se réapproprier une personnalité perdue- selon cette vision des choses- dans les tréfonds d’une loi islamique franchement misogyne.

C’est fortement convaincue par l’exigence de justice et de la liberté de conscience que m’impose ma fidélité au message coranique, que je respecterais le choix de ces intellectuelles musulmanes pro-occidentales, mais au nom d’un idéal universaliste de justice et de liberté de conscience -qui je suppose est le leur- et que je partage aussi quelque part, je revendique le même droit au respect. Le mien et celui des milliers de femmes musulmanes qui aspirent à une émancipation dont le cheminement est certes différent mais non moins respectable. C’est là ou il me semblerait qu’en tant que femmes islamiquement engagées nous devons être intransigeantes, autrement dit, exiger la même considération que celle décernée d’emblée à celles qui se proclament libérées de « l’aliénation religieuse » !!

De quel droit on nous refusera ce « droit de penser », ce droit de se revendiquer libérées au nom du religieux ?? Pourquoi nos idées d’émancipation islamique sont jugées irrecevables chez la majorité des occidentaux complètement aveuglés par leur « Prêt à penser » dès qu’il s’agit de l’islam ?! Pourquoi notre lutte pour une participation active des femmes dans l’espace musulman est-elle dédaigneusement ignorée dès lors qu’en termes de revendication nous utilisons nos références islamiques ?

Pourquoi la lutte des femmes musulmanes progressistes, modernes et modérées selon le vocabulaire occidental est indéniablement mise en exergue et qualifié de lutte contre l’obscurantisme islamique ? Alors que pour nous femmes musulmanes, engagées, tout autant modernes, pratiquantes, voilées et donc taxées d’intégristes selon la même terminologie de consensus occidentale, nous serons forcément des aliénées et des manipulées ?!!

De quel droit on contestera notre attitude de libération religieuse au nom de l’islam et par l’islam quand on le conçoit - le plus naturellement du monde- pour des femmes chrétiennes ou juives qui prônent « un féminisme religieux » à travers une théologie de libération féminine ? Dernièrement lors de la journée mondiale de la femme, des féministes occidentales de renommée mondiale ont commémoré l’une des premières féministes d’Amérique du Sud, au XVII siècle, la mexicaine Sœur Jeanne Inès de la Croix, Catholique convaincue, théologienne de renom, poétesse, la plus grande critique du machisme latino-américain et fervente défenseur des droits de la femme à l’éducation et à l’accès à l’univers théologien catholique très hostile aux mouvements féminins à l’époque….Des féministes libérées, modernes, ont clamé et glorifier la lutte de cette religieuse au nom de ses références pour l’émancipation des femmes mexicaines … Finalement ce n’est pas le religieux en lui-même qui dérange l’univers occidental dépositaire de la libre pensée , mais c’est quand il se dit islam…Quand il parle au nom de l’islam, quand il réagit au nom de l’islam ! Triste constat…

Finalement notre posture intellectuelle, en tant que femmes pleinement engagées dans ce renouveau islamique, est le moins qu’on puisse dire, assez inconfortable !! Peu appréciées de part et d’autre, aussi bien au sein de certains courant musulmans que du coté occidental, nous n’avons aucun choix que celui de continuer à nous mobiliser pour que les femmes musulmanes retrouvent leur vraie place dans nos sociétés et nos communautés, qu’elles soient des partenaires à part égale avec l’homme musulman dans le respect profond des principes islamiques. Le statut de la femme musulmane est, dans la grande majorité des pays islamiques, un statut régit par une lecture très patriarcale et discriminatoire. A travers l’histoire musulmane on s’aperçoit que en dehors des premières périodes de la civilisation islamique, le destin de la femme a connut un tragique retour en arrière et une rechute cruelle liés essentiellement à la décadence politique et à l’enfermement des savants musulmans qui ont déclaré que les femmes devaient être exclues de l’espace public, ignorant royalement les recommandations de notre prophète. Le messager de l’islam n’avait-il pas fait sur son lit de mort une dernière exhortation prémonitoire : « Appréhender l’épreuve - fitna - des femmes ! » …Bien entendu, l’interprétation machiste faites de cette recommandation était que les femmes seraient à l’origine de tous les maux de la communauté islamique…Interprétation qui va à l’encontre de l’ensemble des prescriptions du prophète (S) envers les femmes et de son message égalitaire…Alors qu’en vérité ce hadith prévenait les musulmans des épreuves qui les attendaient dans le futur du fait de leur conduite envers les femmes2. La Fitna dont parlait notre prophète n’est-elle pas celle que l’on vit actuellement et qui fait de la condition actuelle de la « femme musulmane » le bouc émissaire de tous les préjugés contre l’islam ?

Le renouveau de l’islam et tous les débats qu’il impose est une donnée incontournable pour les musulmans d’aujourd’hui et les femmes doivent y participer activement. L’implication des femmes dans les projets réformateurs de l’islam et leur réappropriation du débat religieux est impérative. D’ailleurs il ne pourra se faire sans elles. InchaAllah.

Conférence donnée lors du Premier Congrès Mondial des
Musulmans Hispanophones à Séville le 3,4 et 5 Avril.



Notes :


1 Voir l’excellent article de Saida Rahal Sidhoum, "Féministe et de culture musulmane dans la société française, une identité sous contrôle » Confluences Méditerranée, Nº 27, Automne 1998.


2 Voir plus de détails dans le livre de Nadia Yassine "Toutes voiles dehors" éditions Le fennec, Casablanca, 2003.
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lyria




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MessageSujet: Re: Asma Lamrabet   Asma Lamrabet Icon_minitimeMer 6 Juin - 12:34

L’éternelle problématique de la femme musulmane (partie 1 sur 2)


Par Asma Lamrabet
mardi 21 mai 2002




Il n’y a pas un jour qui passe sans que les informations, la télévision, les journaux, bref toute l’armada médiatique internationale, ne rapporte quelque chose liée - de prés ou de loin- à l’islam. Bien évidemment, rien de gratifiant dans tout ce que l’on nous étale sur le sujet. Que cela soit un article d’analyse, une opinion, un thème de conférence, une information relatant un événement donné, il y a toujours en clair ou en filigrane un aspect très négatif, voire dédaigneux, quelque fois malsain, de la « chose » islamique.

Il y a un vrai problème avec l’islam et toutes ses composantes : civilisationelle, culturelle, idéologique, religieuse..

L’islam serait finalement incompatible avec toutes les valeurs de la modernité occidentale. Un grand réfractaire, comme dirait Jacques Berque. Il est surtout réfractaire à ce que le monde moderne, considère - et ce à juste titre- comme l’un des critères du progrès d’une société : l’émancipation de la femme.

La problématique de la femme en islam représente le point douloureux, essentiel, inévitable. Elle fait l’unanimité. Le consensus. En occident et même -eh oui ! - dans le monde musulman. Alors s’agit-il de mythes ou de réalités ? Je pense sincèrement en tant que femme musulmane concernée par les changements actuels de nos sociétés musulmanes, que les deux concepts existent et vont de pair. Tant que nos sociétés musulmanes font l’impasse sur les vrais problèmes de la femme, notre image de société retardataire sera amplifiée par l’occident et ce à juste titre. L’occident met tout sur le dos d’un islam responsable de tous les préjudices, et le monde musulman trahit cet islam, jour après jour, car il est à des années lumière de la véritable dimension de ce message spirituel. L’occident juge le comportement et la façade « trop islamique » de nos communautés et il a parfois pas tort, car nous nous acharnons à être des musulmans en apparence, rarement en profondeur.

Si chez les occidentaux, on fait dans la paranoïa, chez nous on excelle dans l’art de la contradiction.


En Occident : Le délire paranoïaque !


Selon la vision occidentale, la femme musulmane détient tous les records en matière de discrimination, d’aliénation et de sous-développement. Elle est l’image personnifiée de la femme soumise. Soumise à l’homme, aux coutumes tribales, aux lois intransigeantes de cette religion qu’est l’islam. Elle est la victime inéluctable d’un islam totalitaire, machiste, tyrannique. Pauvre créature de l’ombre, voilée de tout bord : burka, tchador, hidjab. L’Occident, toutes tendances confondues, est convaincu de la nécessité voire l’obligation de prendre la défense de cette pauvre victime de l’islam. Oui, victime de l’islam et de rien d’autre. Car qu’on se le dise une fois pour toutes, cela ne peut être qu’inhérent à l’essence même de l’islam. Les acrobaties intellectuelles et les analyses déductives et réductrices proviennent - pour le cas de la femme musulmane- exclusivement de la même vision ethnocentrique.

Au Maghreb si la femme reste soumise à des lois patriarcales, c’est la faute à l’islam. En Egypte, si elle est victime de mutilations sexuelles, c’est toujours la faute à l’islam. En Méditerranée selon où on se trouvera, rive nord ou sud, le machisme est forcément islamique coté sud, il est purement méditerranéen coté nord. En Espagne, chaque semaine une femme meurt pour cause de violence conjugale (1). L’explication est immédiate : c’est le taux élevé de chômage féminin qui favorise ainsi les abus domestiques, explication un tantinet incongrue, mais elle est donnée par le très sérieux parti socialiste espagnol (2). La même constatation de violence conjugale au Maghreb, aurait eu pour fondement, non pas la dépendance économique à l’instar de l’espagnole, mais les exactions de la tradition islamique. C’est logique et cela va de soi.

En Inde, selon des traditions hindoues, des femmes sont brûlées vives, pour cause d’une culture particulière à tendance métaphysique, mais qu’on se rassure, totalement inoffensive pour les valeurs occidentales, alors on n’en fait pas tout un plat. On sait fermer les yeux et on sait être discret devant des « contraintes culturelles ». Par contre au Bengladesh et au Pakistan voisins - jadis formant le même pays et de même essence culturelle Hindou - les mêmes scènes de femmes brûlées sont dues aux lois inhumaines de la Sharia islamique. Il en est de même pour les « crimes d’honneur » dans le continent Indo-Pakistanais, cela dépend de l’espace géographique et l’appartenance religieuse.

Du coté de la religion hindoue on analyse le coté anthropologique et sociologique de la chose en essayant de comprendre. Du coté musulman, il n’y a plus rien à comprendre, on est écœurés par ces crimes immanents des textes islamiques. On se doit de les dénoncer et on en fait des reportages télévisés aux heures de grande écoute. En Amérique latine, la violence sexuelle, la discrimination quotidienne des milliers de femmes indigènes, sont consubstantielles aux dynamiques internes des sociétés en question. Les femmes mayas et aztèques drapées de leurs habits traditionnels, dont beaucoup sont voilées, sont le reflet de la résistance culturelle, du respect de traditions séculaires. Au Yémen, dans le Sud marocain, en haute Egypte, dans les émirats arabes, les femmes vêtues de leurs tenues traditionnelles : (même si elles sont aussi différentes les unes des autres, qu’importe, elles seront toutes « islamiques ») seront le reflet de l’acculturation, la soumission aveugle, de l’arriération.

Le sari hindou est révélateur d’une appartenance identitaire totalement légitime, ouverte, exotique, qui n’incommoderait personne. Le tchador perse, le Haik maghrébin, le foulard de la jeune étudiante égyptienne est par contre symptomatique d’une identité refuge, fermée, aliénée. Une atteinte aux droits de la femme. Toujours, la faute à l’islam, rien de culturel, ni d’exotique. On ne s’amuse pas avec ce genre d’atteintes aux droits humains. Chez la femme Hindoue, Bouddhiste, Inca, Japonaise, c’est la fidélité à l’identité culturelle, chez la musulmane - quelque soit son ethnie - c’est l’expression inconditionnelle du fondamentalisme islamique. Les femmes aux caraïbes ont une tenue traditionnelle - minimaliste certes - pas du tout conventionnelle, mais qui penserait parmi les occidentaux aller occidentaliser les mœurs des femmes caraïbéennes ? Une vrai insulte à la diversité culturelle de l’humanité. Toutes les femmes de la terre auraient le droit à l’expression culturelle, vestimentaire entre autres. Droit inaliénable, mais dès qu’on appréhende le monde musulman, le droit au relativisme culturel s’évapore. Il ne faudrait pas confondre les choses ! Récemment en Espagne a éclaté une affaire « foulard islamique 2 », pâle « remake » de sa consœur en France il y a quelques années. Toujours le même scénario classique, apocalyptique, où les valeurs de la laïcité, de la démocratie, de l’intégration des immigrés sont mises en danger par le foulard en question. Pour avoir une idée du niveau du débat : Un haut fonctionnaire de l’Etat espagnol a comparé le voile islamique à l’excision. Quelle élégance !
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lyria




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MessageSujet: Re: Asma Lamrabet   Asma Lamrabet Icon_minitimeMer 6 Juin - 12:35

Et pour bien enfoncer le clou, une intellectuelle d’origine égyptienne, de passage à Madrid, questionnée sur le thème, décrit le voile islamique comme le symbole de l’esclavagisme (3). Étant donné que c’est une intellectuelle arabe qui le dit, cela a plus de crédibilité. Les occidentaux sont réconfortés par ce genre de discours : « Voyez de vous-même même là-bas il y a des gens qui pensent juste, c’est à dire comme nous !!! ».

Dernièrement aussi, les nouvelles de la musulmane nigérienne accusée d’adultère font la une des informations télévisées occidentaux, les organisations féminines et autres s’unissent pour sauver cette femme de la Sharria islamique. Au - delà du fait que pour raison humanitaire, il est légitime de sensibiliser l’opinion publique internationale. Pourquoi ce sont toujours les mêmes thèmes sensiblement islamiques qui passionnent les médias, alors qu’a travers le monde il y a des milliers de cas de femmes musulmanes ou autres qui méritent autant sinon plus d’attention et de sensibilisation. Pourquoi les femmes Palestiniennes et Irakiennes ne suscitent-elles pas un tel engouement ? Les souffrances quotidiennes et l’injustice inhumaine qu’elles subissent, ne sont-elles pas assez intéressantes de point de vue médiatique, pour qu’on daigne leur accorder un tant soit peu d’importance ?? Comment peut-on rester insensible à tant d’horreurs et au nom de quelle éthique et de quelle probité intellectuelle dénonce t-on ce qui est « intéressant » et ce qui ne l’est pas ? C’est bien entendu toujours deux poids deux mesures quand il s’agit de ce monde musulman, si particulier !!

(1) Article du journal El Pais, 18 février 2002-03-24

(2) Idem

(3) Interview de l’écrivaine Nawal El Saadawi avec El Pais du 10 mars 2002.
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lyria




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MessageSujet: Re: Asma Lamrabet   Asma Lamrabet Icon_minitimeMer 6 Juin - 12:36

L’éternelle problématique de la femme musulmane (partie2 et fin)


Par Asma Lamrabet
dimanche 26 mai 2002




Le plus sympathique, quant au débat concernant la femme en islam, c’est que même au sein des communautés musulmanes on est conscient du problème : « Eh oui, la question de la femme musulmane c’est un vrai problème ! » diront, nos frères dans la croyance, ceux qui sont concernés par l’image de l’islam. Consternés, ils le seront. Et c’est à gorge déployée qu’ils vont nous réciter tous les droits de la femme en islam. Ils les connaissent même par cœur. Mais, dans la réalité, le quotidien de tous les jours, leur comportement envers ces mêmes femmes musulmanes est loin d’être exemplaire. Il est même sidérant. Pour la théâtralisation de l’Islam il n’y a pas plus champion que les musulmans. Nos frères dans l’islam interprètent la religion selon une géométrie variable quand il s’agit des femmes. Ce sont leurs égales en théorie, mais dans la pratique elles restent inférieures. Elles ne sont pas incluses dans les grandes décisions que prennent ces messieurs. Elles restent dans l’ombre, marginalisées par un consensus masculin tacite. On répond à leur place, on décide à leur insu, on les défend, on les protége, on les étouffe. Elles demeurent sous l’éternelle tutelle des hommes musulmans. À la limite on leur organise des journées, on les encourage à créer des associations féminines. Elles y feront de la couture et de la broderie, un peu de culture, en attendant que les frères débattent des vrais problèmes de la communauté. Lors des conférences on édifie des barrières, les « sœurs » d’un coté les « frères » de l’autre. La mixité : C’est à éviter dans les rencontres « islamiques » pour respecter les normes. Ailleurs, il faut s’adapter aux normes de notre temps, on devient soi-même, normaux, humains. Dans une ambiance « islamique » on est des acteurs, des inhumains, des anormaux, pour faire semblant. Et gare à celui qui ne fait pas semblant : il n’est pas très « islamique ». D’ailleurs il est extraordinaire de voir comment le comportement du frère diffère dés qu’il s’agit de sœurs musulmanes engagées. C’est certes le respect, mais enrobé d’une dose de méfiance ou plutôt de gêne qui rend l’atmosphère un tant soit peu électrique. Le respect se transforme en gaucherie, embarras et confusion dés que les frères et sœurs sont ensemble comme par magie ! On s’évite, on se salue avec le regard dérobé, de loin. On se dit le minimum. .......

Autrement, et quand il s’agira des femmes musulmanes non engagées, ou toutes les autres qui n’ont rien à voir avec la communauté musulmane, ces même frères auront à leurs égards un comportement de camaraderie et d’amitié très sympathique. Ils seront très décontractés. Il ne s’agit pas de se perdre dans des détails superflus, mais ce sont là les symptômes d’un malaise qui n’échappe à personne quand il s’agit de nos communautés et qui en disent long sur notre façon erronée d’appréhender le religieux. Uniquement sur le registre de l’interdit (el haram) et de la culpabilité.

Sincèrement, je ne comprends pas d’ou nous viennent ces normes de rigidité, de tension, de malaise interne. Alors que c’est justement bien le contraire de tout cela qui a édifié la gestion de la cité musulmane lors de la révélation. Les femmes et les hommes étaient ensemble, unis, liés par cette lumière qui est la foi et qui faisaient d’eux des êtres humains avant tout. Des être humains soumis au Créateur de ce monde. Les femmes étaient même au devant de la scène, discutaient, devisaient, dialoguaient, se plaignaient quand un compagnon les offensaient, parce qu’elles avaient compris que le message de l’islam était libérateur. Leurs droits, ce n’est pas les hommes qui devaient en convenir, ce n’est pas les hommes qui les sommaient de faire ou de ne pas faire, d’être ou de ne pas être. C’est Dieu, lui seul, qui leur ordonnait et c’est à Lui seul qu’elles obéissaient et qu’elles se soumettaient. Par quel travers d’esprit, somme nous devenues aujourd’hui nous femmes musulmanes soumises aux hommes et non à Celui qui les a créer ?!


Ou sont les femmes musulmanes ?


Comment peut-on parler de réformisme et de renouveau islamique quand justement la femme musulmane brille par son absence dans ce débat ? Pendant tous ces derniers siècles, l’Islam a frappé et frappe encore l’interlocuteur par sa « masculinité », non du fait de la révélation mais par la spécificité des cultures réceptrices. Pourquoi tous les « Ulémas » sont-ils forcément « masculins ». Pourquoi n’y aurait-il pas de savante musulmane ?

Seraient-elles incapables de l’être, à l’heure ou elles sont médecins, chercheurs, professeurs d’université ? Alors que lors des premiers temps de l’islam, elles étaient dépositaires de la tradition du prophète et des sciences religieuses. Le prophète lui-même (salawat Allah alawhi), n’a t-il pas conseillé à ses compagnons de s’en remettre à Aicha afin d’approfondir leurs connaissances en religion ? Combien sont-elles de femmes savantes musulmanes des premiers temps, à être mises sous silence par nombreux de nos prestigieux ulémas ? Pourquoi cette amnésie sélective concernant la femme dès qu’il s’agit d’islam ? Il est extraordinaire de voir comment l’islam a pu révolutionner les conditions de vie des hommes, depuis le temps de la révélation jusqu’à nos jours et ce, sur tous les plans : spirituel, économique, politique. Sauf sur ce point fatidique des relations hommes - femmes. Le machisme a été et reste jusqu’à nos jours, la seule structure humaine qui a résisté aux valeurs de l’islam ! Les quelques femmes de culture musulmane que l’on voit aujourd’hui par-ci et par là, soit à travers leurs écrits ou leur apparition médiatique, sont celles qui parlent au nom d’une émancipation féminine exclusivement occidentale. Elles représentent une élite complètement déconnectée de la réalité musulmane. La majorité des femmes musulmanes, quoique séduite par ce type de langage, ne se retrouve pas dans ce que les médias leur représentent comme étant leur porte parole.

Mais alors, ou sont-elles donc ces femmes qui vont défendre leurs droits selon les références musulmanes ? Pourquoi la majorité des femmes musulmanes qui s’engagent justement dans le chemin de la foi, le font-elles dans le silence le plus notoire ? Un silence lourd et pesant comme celui de leur histoire. Elles restent comme leurs ancêtres « otages » d’une mémoire musulmane misogyne. Cela ne fait que conforter et confirmer tous les dires de nos observateurs occidentaux. Le tort dont on nous inculque est - quoique souvent exagéré et mis en exergue pour des raisons conflictuelles - bien réel et malheureusement visible à l’œil nu.

Le grand défi de nos sociétés musulmanes aujourd’hui est bien cela : une nouvelle lecture de l’islam faites par les femmes. Des femmes profondément engagées au nom de leur spiritualité, de leur foi, de leurs principes. Elles doivent se réapproprier ce travail de mémoire musulmane féminine et investirent cette citadelle islamique si longtemps accaparé par les hommes. Le renouveau de l’islam passe forcement par cette nouvelle subversion féminine porteuse de tous les espoirs.

Il ne s’agit pas ici de révolte féministe à l’image du féminisme occidental. La confrontation n’est pas et ne devrait pas être avec nos frères dans la religion. Elle serait contraire à nos principes coraniques, étant égaux devant Dieu, hommes et femmes, les meilleurs d’entre nous seront justement les plus fidèles à l’esprit de la révélation coranique. Et être fidèles à l’esprit du Coran c’est redonner aux femmes ce champ de liberté d’expression qu’elles avaient au temps du prophète et qu’on leur a usurpé avec le temps . C’est aux femmes de faire ce travail. Au nom de leur foi. Personne ne le fera à leur place. Le chemin peut s’avérer dur et long mais il est incontestablement le seul capable de leur donner une véritable émancipation. InchaAllah..
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